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Aujourd’hui 18 novembre 2020… Devait sortir en salle Le Prix du Gaz- une résistance citoyenne et des dizaines d’autres créations culturelles.
Ce devait être le jour où tous les efforts prenaient sens. Où la ténacité était récompensée, où le public pouvait enfin découvrir ces miroirs d’eux-mêmes pour se confronter au réel, pour s’en moquer, pour prendre du recul….
Personnellement, c’était le jour où le public pouvait enfin découvrir ce combat citoyen sur les écrans des salles de cinémas romandes. Le jour où l’on pouvait se dire » on l’a fait ». On aurait sabré le Champagne avec les celles et ceux qui avaient crus au projet. Cette semaine et la suivante, j’aurais pris mon agenda et mon courage à deux mains pour faire durant deux semaines des allers-retours aux quatre coins de la Romandie pour présenter le film et partager des discussions passionnantes avec le public et des invités. J’aurais eu l’impression d’être au bout de ma vie, crevée de passer de Carouge à Delémont, de Romon à Sierre, de Lausanne à Ste Croix, La Chaux-de Fonds à Martigny, Bex ou ailleurs… Mais j’aurais été heureuse, d’avoir créé un film qui crée des rencontres qui ont du sens, qui rassemblent, qui motivent, qui inspirent pour d’autres combats, d’autres projets…
Mais la nature et nos autorités en ont décidé autrement. Jugés comme non essentiels, les témoignages de vos vies, de vos combats, de vos valeurs devront attendre des temps meilleurs pour être partagés. Puisse cet arrêt effectivement sauver des vies et permettre à celles et ceux qui sont au front de la seconde vague de la vivre sans devoir faire des choix cornéliens douloureux!
Car le sacrifice est immense du côté de la culture. Pas uniquement pour celles et ceux qui la vivent et la font vivre, mais pour notre santé mentale à toutes et tous… Nous le savons, nous le vivons, nous en auront très vite la confirmation ( et c’est une bonne nouvelle): La (sur)consommation ne suffit pas pour se sentir bien. L’acte d’achat ne compense pas un concert qui défoule, un spectacle qui nourrit, un solo qui fait lâcher quelque chose quelque part au fond de nous, un film qui nous transporte et nous inspire ensemble, côte à côte, même masqués, dans cette magie du partage d’émotions collectives!
Nos âmes et nos coeurs ont besoin d’immatériel bien plus puissants pour survivre sans heurts à des vagues à l’âme angoissantes à répétitions, pour pouvoir penser le monde qui se délite et panser nos drames personnels et collectifs, pour ressortir grandis de cette épreuve collective et non, une fois de plus, montés les uns contre les autres.
Se retrouver ensemble pour vibrer devant notre capacité d’action collective et positive, c’est ça, exactement ce qu’on nous refuse aujourd’hui et qui, pourtant nous ferait un bien fou. Mais, nous devons attendre… encore… sans savoir jusqu’à quand.
Les trains bondés roulent toujours, les magasins de babioles en tous genre sont ouverts, mais les théâtres, les cinémas et les musées sont fermés à double tour. Quelle est cette société qui met ainsi au ban tout ce qui fait de nous autre choses que de simples travailleurs et consommateurs?
Mille bonnes affaires au blackfriday ne remplaceront pas quelque chose qui élève….
Alors, comme je n’ai d’autre choix aujourd’hui, j’ose espérer que, tels des amoureux séparés, cela ne fera que renforcer nos liens invisibles et pérennes entre public et actrices et acteurs culturels. On s’aime, on a besoin l’un de l’autre. On se retrouvera. J’y crois. Prenez soin de vous.
La Culture, elle, essaiera de ne pas se perdre en chemin. Aidez-la à son retour, elle sera pleine d’entrain, mais affaiblie par tant de mépris et de disette, par temps de gelées et d’attente, que peut-être vous ne la reconnaitrez plus. Peut-être qu’elle aura perdu des siens en chemin, peut-être qu’elle ne sera plus aussi légère et enthousiaste que d’habitude. Mais ce sera elle. Alors, à cet instant là, ne doutez pas, courrez dans ses bras, enlacez-la et ne la perdez plus jamais. Si les obstacles l’auront bousculée, échaudée, rendue un peu amère peut être aussi, elle retrouvera toute sa joie de vivre et le sens de ce qu’elle fait en vous voyant fidèle au poste, avides de découvertes, de rires, de larmes et d’émotions pour nous bousculer et nous faire réfléchir. A vie elle vous le rendra si à son retour vous êtes là….
Moi j’y serai. Et vous?
Merci à Aline Andrey de l’événement syndical pour ce beau portrait et à Thierry Porchet pour la photographie.
Ce matin j’ai eu la chance de pouvoir parler du film LE PRIX DU GAZ-une résistance citoyenne sur les ondes de RTN. Merci Joëlle Pic Romain pour l’invitation!
Photo Aardvark Films
Ca y est, c’est le début de la tournée des avant-premières pour Le Prix du Gaz-une résistance citoyenne.
Le centre culturel de l’ABC de la Chaux-de-Fonds a eu la primeur de la première projection. Un lieu qui me tient à coeur pour plusieurs raisons, mais principalement parce que c’est la salle dans laquelle je crois que j’ai vu tous mes films projetés sur grand écran! C’était donc une belle ouverture que de commencer par l’ABC, avec sa direction chaleureuse, ses aficionados passionné-e-s, et son bistrot chaleureux pour partager les premiers retours spectateurs. Mais, l’avant première étant particulièrement en avance sur la sortie officielle, nous n’avions pas encore de médias pour parler du film, peu de temps pour poser des affiches et presque uniquement les réseaux sociaux pour attirer du monde… J’étais donc assez stressée à l’idée de retrouver une salle potentiellement clairsemée. L’éblouissant soleil qui avait décidé de sortir après des semaines de grisaille ce matin là, a d’ailleurs définitivement mis en berne mon optimisme pourtant assez tenace… et pourtant! Pourtant, 50 personnes ont bien voulu quitter ce magnifique soleil pour venir découvrir le film en salle. Certains parfois venus de loin pour être présents pour cette « première ». Quelle belle surprise dans une période marathon où tout semble fait dans l’urgence!
Merci chers premiers spectateurs et spectatrices, d’avoir répondus présents, d’avoir été généreux et enthousiastes comme vous l’avez été…. d’avoir été touchés par ce combat citoyen, d’avoir trouvé des résonances avec vos propres aspirations, d’avoir envie d’en parler autour de vous! C’était vous le véritable soleil de cette journée! Merci de votre précieuse présence. Et merci à Virginia Catin du collectif citoyen NON AUX FORAGES DANS LE VAL DE TRAVERS et Serge Santiago des verts de m’avoir accompagnée pour répondre aux question du public. Merci aussi aux verts, d’avoir participé à l’organisation de cette séance si particulière.
Après des années d’obstacles de production, le projet documentaire » Le Prix du Gaz », qui relate la bataille entre promoteurs et opposants à un projet de forage de gaz dans le canton de Neuchâtel, est entré en phase finale de réalisation.
Ceci grâce à l’opiniâtreté, à des techniciens d’accord de prendre le risque de travailler sur un projet en production délicate et à la Banque Cantonale Neuchâteloise – merci à elle de jouer le rôle qu’on attendrait plus souvent d’investisseurs privés dans la culture- qui a décidé de soutenir le film.
Dans cette période de fêtes nous sommes donc en postproduction son avec Théo Viroton….
à suivre…
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