En 2022 j’ai été approchée par Blaise Mulhauser et Elodie Gaille du musée botanique de Neuchâtel. Ils désiraient me donner carte blanche pour la réalisation d’un film en lien avec leur prochaine exposition liant plantes et économie, prévue pour 2024… Très enthousiaste dès le démarrage de cette belle collaboration, j’ai pourtant très vite dû faire face à une évidence. Qu’y-a-t-il de plus vaste que la notion de plantes? De plus complexe que celle de l’économie? S’en est suivi plus de 6 mois de recherches pour tenter de cerner un peu mieux ces notions et trouver un sujet pertinent qui puisse lier les deux et permettre un regard glocal sur les enjeux liés aux plantes dans notre économie…
Plusieurs ébauches de projet sont nées, puis ont été abandonnées: trop complexes, trop généralistes, trop spécifiques. L’équilibre et la pertinence sont parfois difficiles à trouver. Mais après plusieurs mois, en pleine nuit, à la manière d’un « Eureka », le mot « FORETS » est apparu dans ma tête…
Les forêts, celles qui nous offrent leur ombre pour nous rafraichir, leur bois pour nous chauffer, pour construire nos meubles, nos maisons, nos livres, nos innombrables cartons. Celles qui abritent tant de Vie, qui protègent notre eau potable, celles qui créent la terre qui nous nourrit, qui nous délassent, nous consolent, nous parlent aussi, peut-être, sans qu’on puisse les entendre… Celles sans qui la Vie n’existerait tout simplement pas.
Je pensais avoir trouvé mon sujet… C’était sans compter sur la richesse du monde forestier et la passion de toutes les personnes rencontrées pour m’en parler. A chaque prise de contact, un passionné, une enthousiaste, me racontait « sa » forêt, « ses » enjeux » et ça aurait pu faire un film. Sans cesse, j’ai eu l’impression d’ouvrir des portes, puis de devoir les refermer, pour ne pas me perdre, tant ce monde est vaste et foisonnant.
A l’image de la forêt elle-même! Qui est, on ne peut plus difficile à saisir, à rendre en image. Sans cesse changeante, mais peu mobile. Coincée dans une cadre cinéma horizontal, alors qu’elle est championne de la verticalité. Cachée et secrète, demandant patience, alors que les heures de production sont comptées…
Petit à petit il a fallu se rendre à l’évidence, j’étais face à une énigme, un mystère, insaisissable à l’échelle d’un temps humain… et pourtant, vitale pour nous toutes et tous. De quoi se sentir bien petit en tant qu’être humain… et bien perdue en tant que réalisatrice…
Alors le pragmatisme et la boussole de ma mission première ( relier plantes et économie), m’ont permis de reprendre pied. Gentiment, je me suis rendue compte que chacun-e voyait la forêt selon sa lorgnette, son rôle, son expérience… Hors , comme nous en avions discuté avec la formidable équipe du jardin botanique – qui, elle, préparait l’exposition en présentant plusieurs exemples- il ne fallait surtout pas cataloguer des points de vues, mais être complémentaire à leur démarche. Il fallait sortir des détails pour faire un tableau plus général.
Ce fût alors le début d’une véritable (en)quête, qui, non seulement, a donné naissance à ce film, mais a véritablement changé mon regard. Non seulement mon regard sur les forêts de chez nous ( et plus particulièrement les forêts neuchâteloise à couvert continu qui sont gérées durablement depuis plus de 150 ans), mais sur le vivant de manière plus général et notre place en tant qu’humains dans le continuum de la Vie sur cette planète.
Le « hasard » s’en est ensuite mêlé, a tissé un fil entre les rencontres humaines incroyables, qui m’ont menée bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer.
Ce film est donc un fil, qui tisse des liens entre nos forêts et nos valeurs ici, et ce que cela implique au-delà… Un voyage qui, je l’espère questionnera le public autant qu’il m’aura questionné et lui donnera la même envie de prendre en main son lien au vivant.
un immense merci au Jardin Botanique de m’avoir permis de découvrir toutes ces merveilles et de pouvoir les partager désormais en images et en son. Et merci a ma dreamteam d’avoir mis son talent au service de ce film: Gregory Bindschedler a l’image, Theo Viroton et Bjorn Cornelius au son, Rodney Musso et Jean-Baptiste à l’etalonnage et la confo, Benjamin Benoît au mixage, et Harlod Squire à la musique. Merci !!!
en avant première vendredi 3 mai à 18h à l’Appolo 1 de Neuchâtel
entrée gratuite mais réservations conseillées via contact@lesregardiens.ch
Published by: Orane Burri in Uncategorized
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