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Quand LA voix de ton adolescence qui t’as tant donné envie d’aller voir des films, t’appelle pour te demander de parler du tien... C’est une sacré expérience! Une première radio sur COULEUR3 qui commence fort avec cet entretien sur Brazil!
Merci Fifi!!!!
La première vague c’était accepter en urgence. C’était l’état de choc et la solidarité face à l’inconnu.
La deuxième vague…. à l’âme… C’est cette incompréhension des décisions de nos autorités, qui bouclent à double tour les salles de musées, les salles de théâtres et même de cinéma, sans aucune explication sanitaire justifiée. C’est cette acceptation, déjà un peu moins docile, de rester cois pour sauver la surcharge hospitalière, tout en regardant s’entasser dans les télécabines les touristes fortunés et les solidaires du droit à la glisse. C’est remettre en question la dangerosité d’une salle de cinéma fermée, face à des trains bondés aux heures de pointes. Pas de cluster dans les transports publics ? Merveilleux ! Logique alors ! Mais quid des salles de cinéma, des musées, des bibliothèques qui elles n’ont plus n’ont jamais créé la moindre infection depuis le début de la pandémie ? Donnez-nous une explication scientifique vérifiée, une explication de stratégie politique sanitaire justifiée ou rouvrez ! Car la troisième vague arrive…. Et ce serait dommage que cela soit une vague à lame…
En attendant et pour conjurer le mauvais sort, certaines autorités essayent de faire en urgence et avec peu de moyens, des actions symboliques pour dire à la culture : « On sait que c’est dur. On vous soutient, le temps de trouver des solutions. » et c’est précieux.
La ville de Neuchâtel, sous l’impulsion de sa responsable culturelle Gaëlle Métrailler, en collaboration avec les musées de la ville, a mis en place des résidences d’artistes dans les vastes espaces de ses musées fermés au public. Une manière pragmatique et intelligente de faire vivre et se rencontrer les actrices et acteurs culturels locaux, pour maintenir la flamme, en attendant qu’elle puisse à nouveau allumer les feux de la rampe ! Un baume au cœur, dans cette tempête de mépris vis-à-vis de la culture scandaleusement jugée non-essentielle depuis le début de la pandémie.
Alors MERCI à la ville de Neuchâtel, aux musées et à Gaëlle Métrailler et son équipe de donner à ses actrices et acteurs culturels l’occasion de remettre un peu de tisons dans cette flamme qui, sans public, sans perspectives, et sans respect pourrait, à force, se tarir dans la lassitude…
Personnellement, c’était l’occasion de collaborer pour la première fois avec Lelia Lortik alias Aurélia Ikor et avec Jacques Bouduban qui l’accompagne au violoncelle. Une vraie rencontre. Humaine tout d’abord ( et en ces temps de disettes d’impromptu, ça fait un bien fou de rencontrer pour de vrai des personnes que l’on ne connaissait pas !), mais aussi musicale. Lelia Lortik, un univers sonore unique, bidouillé, maîtrisé, évolutif et envoûtant qui vous emporte dans un souffle désobéissant vers des territoires inconnus fabuleux ! Une voix protéïforme, des instruments toujours détournés, et des ritournelles entêtantes… Le tout, hébergé dans l’univers fantastique et magique du Muséum d’histoire naturelle ! Il n’en fallait pas plus pour inspirer le dernier projet des Regardiens.
Un clip.
Oui, mais un clip complètement à l’envers. Une histoire née de l’envie d’hurler notre amour pour cette culture que l’on dit « non essentielle ».
28 décembre. On se rencontre pour la première fois au Muséum. On découvre nos univers mutuels et celui des lieux. Le temps presse. Je propose un premier jet d’idée pour les images du futur clip. Lelia s’engouffre avec malice dans la proposition. Pendant que j’écris le film, Lelia écrit le texte de la future chanson. On crée en parallèle. A toute vitesse, car pour arriver à tourner le 6 janvier, il faut aller vite .
Une équipe de Regardiens se met en place. Gregory Bindschedler qui avait signé l’image des « Fantômes de la Belle Epoque » embarque dans l’aventure ! Le scénographe Xavier Hool ( « Les fantômes de la Belle Epoque », « Le festin de Bockelson ») nous rejoint et m’ouvre les portes de son atelier le… 31 décembre ! Faustine de Montmolin ( habillage, maquillage et coiffure), Dirk Appermont (régie) et son assistante de choc Noa embarquent à leur tour. Et grâce à la complicité d’Alice Marcelino dos Santos (pour qui ce sera une première devant la caméra) et celle de Raphaël Tschudi, l’équipe arrive sur les chapeaux de roues, mais au complet le jour du tournage.
L’équipe du Muséum nous accueille avec une bienveillance et une confiance magnifiques ! C’est un bonheur inspirant du début à la fin de tourner dans de pareilles conditions.
Entre deux prises, Lélia et Jacques, réfléchissent, cherchent… Dès le lendemain, ils finaliseront une première version du morceau.
« It’s a wrap ». On remballe. Prochaine étape : montage. On quitte les lieux magiques et les gens avec lesquels on a partagé l’espace réel. Mais surtout, on quitte cette énergie unique d’un groupe qui crée quelque chose en commun qui a du sens ! C’était beau ! On se l’est tous dit, comme si c’était quelque chose d’extraordinaire. Car malheureusement, c’est devenu extraordinaire.
C’était à l’opposé des consommateur-travailleurs, seuls parties de nous qui restent autorisés à (sur)vivre depuis le début de cette pandémie. C’était plus grand, plus beau, plus humain. C’était NOUS en entier et au meilleur de nous-même et, que le veuillent ou non nos décideurs-euses… c’était ESSENTIEL.
À suivre…
PS: Merci à Noa pour les photos!
… C’est le défi qui nous a été lancé par le Centre Dürrenmatt Neuchâtel il y a quelques mois et qui a pris voix, il y a quelques jours chez Les regardiens grâce à Monica Budde.
J’espère de tout coeur, que ce film, qui fera partie de l’exposition permanente, aura réussi le pari de garder l’état d’esprit de cet auteur, dramaturge, peintre, philosophe et intellectuel aux multiples talents, dont celui de porter un regard critique et bourré d’humour sur les failles de notre société – qui n’a pas pris une ride! Si vous ne le connaissez pas ( ou pas assez) courrez d’urgence au Centre Dürrenmatt à Neuchâtel! Et en attendant, lisez ses pièces, ses livres, ses nouvelles, ses romans policiers, ses pièces radiophoniques… Autant de miroirs intemporels qui nous renvoient à notre condition – visiblement assez cocasse- d’êtres humains. De la Culture comme on l’aime: intelligente, accessible, fine et vivante qui nous parle de nous, des autres, de nos travers et de nos bassesses, de nos forces aussi et des systèmes divers qu’on crée pour éviter (ou pas!) de s’entretuer avec toutes ces contradictions! On prend du recul, on se marre, on réfléchi, on ressort un petit peu changé-e à l’intérieur ( même si on sait pas trop où et ce qu’on va en faire), mais ça nous élève et on se sent un peu plus fort-e, un peu moins seul-e. On se rappelle alors que C’EST ÇA LA CULTURE, qu’elle est essentielle et merveilleuse et qu’elle fait un bien fou!!
Alors, pour tout ça et parce qu’elles travaillent chaque jour à valoriser cette culture qui nous manque tant : Merci à Duc-Hanh Luong et Madeleine Betschart. Merci aussi pour leur confiance renouvelée et leur sens aiguisé des besoins de leurs collaboratrices et collaborateurs. C’était un bonheur de créer dans un tel environnement d’échanges constructifs, surtout dans une période aussi « endommagée ».
Merci à Harold Squire, Théo Viroton et Monica Budde, de donner le meilleur d’eux-mêmes à chaque fois pour rendre vivante, belle, et inestimable la culture actuelle (et d’avoir donné corps, son et musique à cette réalisation.)
Vous avez fait partie des belles choses de 2020, MERCI!
Vivement l’inauguration de janvier 2021! Si COVID le veut bien…
Aujourd’hui 18 novembre 2020… Devait sortir en salle Le Prix du Gaz- une résistance citoyenne et des dizaines d’autres créations culturelles.
Ce devait être le jour où tous les efforts prenaient sens. Où la ténacité était récompensée, où le public pouvait enfin découvrir ces miroirs d’eux-mêmes pour se confronter au réel, pour s’en moquer, pour prendre du recul….
Personnellement, c’était le jour où le public pouvait enfin découvrir ce combat citoyen sur les écrans des salles de cinémas romandes. Le jour où l’on pouvait se dire » on l’a fait ». On aurait sabré le Champagne avec les celles et ceux qui avaient crus au projet. Cette semaine et la suivante, j’aurais pris mon agenda et mon courage à deux mains pour faire durant deux semaines des allers-retours aux quatre coins de la Romandie pour présenter le film et partager des discussions passionnantes avec le public et des invités. J’aurais eu l’impression d’être au bout de ma vie, crevée de passer de Carouge à Delémont, de Romon à Sierre, de Lausanne à Ste Croix, La Chaux-de Fonds à Martigny, Bex ou ailleurs… Mais j’aurais été heureuse, d’avoir créé un film qui crée des rencontres qui ont du sens, qui rassemblent, qui motivent, qui inspirent pour d’autres combats, d’autres projets…
Mais la nature et nos autorités en ont décidé autrement. Jugés comme non essentiels, les témoignages de vos vies, de vos combats, de vos valeurs devront attendre des temps meilleurs pour être partagés. Puisse cet arrêt effectivement sauver des vies et permettre à celles et ceux qui sont au front de la seconde vague de la vivre sans devoir faire des choix cornéliens douloureux!
Car le sacrifice est immense du côté de la culture. Pas uniquement pour celles et ceux qui la vivent et la font vivre, mais pour notre santé mentale à toutes et tous… Nous le savons, nous le vivons, nous en auront très vite la confirmation ( et c’est une bonne nouvelle): La (sur)consommation ne suffit pas pour se sentir bien. L’acte d’achat ne compense pas un concert qui défoule, un spectacle qui nourrit, un solo qui fait lâcher quelque chose quelque part au fond de nous, un film qui nous transporte et nous inspire ensemble, côte à côte, même masqués, dans cette magie du partage d’émotions collectives!
Nos âmes et nos coeurs ont besoin d’immatériel bien plus puissants pour survivre sans heurts à des vagues à l’âme angoissantes à répétitions, pour pouvoir penser le monde qui se délite et panser nos drames personnels et collectifs, pour ressortir grandis de cette épreuve collective et non, une fois de plus, montés les uns contre les autres.
Se retrouver ensemble pour vibrer devant notre capacité d’action collective et positive, c’est ça, exactement ce qu’on nous refuse aujourd’hui et qui, pourtant nous ferait un bien fou. Mais, nous devons attendre… encore… sans savoir jusqu’à quand.
Les trains bondés roulent toujours, les magasins de babioles en tous genre sont ouverts, mais les théâtres, les cinémas et les musées sont fermés à double tour. Quelle est cette société qui met ainsi au ban tout ce qui fait de nous autre choses que de simples travailleurs et consommateurs?
Mille bonnes affaires au blackfriday ne remplaceront pas quelque chose qui élève….
Alors, comme je n’ai d’autre choix aujourd’hui, j’ose espérer que, tels des amoureux séparés, cela ne fera que renforcer nos liens invisibles et pérennes entre public et actrices et acteurs culturels. On s’aime, on a besoin l’un de l’autre. On se retrouvera. J’y crois. Prenez soin de vous.
La Culture, elle, essaiera de ne pas se perdre en chemin. Aidez-la à son retour, elle sera pleine d’entrain, mais affaiblie par tant de mépris et de disette, par temps de gelées et d’attente, que peut-être vous ne la reconnaitrez plus. Peut-être qu’elle aura perdu des siens en chemin, peut-être qu’elle ne sera plus aussi légère et enthousiaste que d’habitude. Mais ce sera elle. Alors, à cet instant là, ne doutez pas, courrez dans ses bras, enlacez-la et ne la perdez plus jamais. Si les obstacles l’auront bousculée, échaudée, rendue un peu amère peut être aussi, elle retrouvera toute sa joie de vivre et le sens de ce qu’elle fait en vous voyant fidèle au poste, avides de découvertes, de rires, de larmes et d’émotions pour nous bousculer et nous faire réfléchir. A vie elle vous le rendra si à son retour vous êtes là….
Moi j’y serai. Et vous?