Au 21 juillet 2021, Le Prix-du-Gaz une résistance citoyenne est le 2ème film de production suisse à faire le plus d’entrées en salle en Suisse Romande en 2021… De quoi faire plaisir, malgré la distorsion due à la situation sanitaire, mais aussi faire réfléchir.
Car les entrées en salle sont globalement ( très) basses. Les restrictions Covid y sont pour beaucoup évidemment. Mais, malgré un temps plutôt maussade lors de la réouverture des salles, les Romands ont visiblement pris des habitudes lors des confinements successifs et les salles de cinéma peinent ( encore plus que ces dernières années déjà difficiles) à faire revenir le public pour découvrir des films sur grand écran. Qui plus est les films suisses! La fin d’un modèle? Ou une phase d’adaptation à cette période compliquées et inédite? L’avenir nous le dira. Mais, il est clair qu’il est important de repenser les modèles de distribution, afin de permettre aux créatrices et créateurs, mais aussi à toute la chaîne des films suisses, de pouvoir survivre afin de pourvoir continuer à parler de nous…. de notre culture, de nos racines, de nos problématiques, de nos spécificités suisses. Sinon, le risque est de n’avoir plus que des films étrangers sur nos écrans et de perdre ce miroir culturel essentiel en démocratie.
Autre réflexion, Le Prix du Gaz n’a reçu aucun financement public, car en tant que nouvelle productrice, je n’ai pas accès aux fonds public de cinéforom ou de l’OFC, bien que j’aie précédemment réalisé 3 films ayant obtenu le succès passage antenne en tant que réalisatrice. Il a donc été produit sans financement, à l’exception du salaire de l’ingénieur du son, pris en charge par la production de départ et de la BCN qui l’a doté d’un prix culturel de 3000.- (ce qui a permis de payer la musique et le mixage son grâce à des techniciens ayant gentiment accepté un tarif amical). Merci encore mille fois à eux! Pour le reste: Zéro, pas un centime. Du bénévolat à l’état brut.
Et il est à 6 entrées seulement du film en tête: une fiction très bien produite, tous comme tous les autres films du classement. Qu’en penser? Qu’il faudrait revoir le modèle d’accès au financement public et l’ouvrir aux réalisatrices et réalisateurs déjà confirmés qui s’autoproduisent? Certainement. Que la stratégie de distribution et de communication est aussi importante que la stratégie de production? Une évidence. Qu’on devrait plus faire confiance aux femmes dans ce métier ( tous les autres films du classement sont réalisés pas des hommes) ? Absolument!!
Mais, avant toute chose, et même si la période biaise les résultats du classement, cela veut dire que toutes celles et ceux qui ont soutenu ce film d’une manière ou d’une autre peuvent être fiers: 7 ans de ténacité et de patience ont porté leur fruit. La conviction d’avoir été témoin d’un combat universel important à faire passer auprès des citoyen-des que nous sommes était justifiée. Toute l’énergie dépensée n’a pas été vaine!
Car pour ce film, il faut bien l’avouer, je me suis battue contre vent et marrée pour l’amener auprès du public, y compris contre des professionnels du milieu audiovisuel qui m’ont conseillé d’abandonner: « le scoop est passé », « ça n’intéresse pas les gens », ou encore » ça parle trop pour le public »…. Un » trop de notes » qui m’a fait l’effet inverse et m’a encouragé plus que tout à continuer: à faire confiance au public malgré tout. Heureusement, il y a aussi eu d’autres professionnels: Les programmatrices et programmateurs des Journées de Soleure qui ont sélectionné le film et leur public incroyable qui a ri et réagi au quart de tour tout au long de la première projection! Une première avant première qui a encouragé Mark Pasquesi et Museng Fischer d’Aardvark Film à faire le pari de le distribuer en salles. Des partenaires précieux qui ont accompagné le film lorsque l’énergie de tout porter seule commençait à s’épuiser et qui lui ont insufflé leur passion et leur professionnalisme avec efficacité! Puis, les journalistes, qui ont été enthousiastes et ont décidé de soutenir ce film minuscule, mais important! Merci, Merci, Merci! Grâce à vous, les gens ont pu savoir qu’il existait et se sont rendus dans les salles…. Et puis, enfin, le public. Limité à des jauges sanitaires, parfois parsemé, toujours masqué, mais présent et chaleureux, enthousiaste et intéressé, touché! La plus belle récompense pour ses années de ténacité! Mille merci à celles et ceux qui se sont déplacés dans cette période de crise sanitaire inédite pour venir voir le film et qui continuent à en parler, à vouloir le partager, à m’envoyer des mails pour organiser des projections pour des groupes ou des scolaires… ( si c’est votre cas, merci de contacter directement mon distributeur )Ce film se voulait être un outil, un outil démocratique et grâce à vous, je peux aujourd’hui constater qu’il est bel et bien utile pour notre vivre ensemble! Grâce à vous je sais maintenant que tous ces efforts ont valu le coup!
…Et l’aventure n’est pas terminée! 😉
( En attendant la suite, je vous laisse en découvrir les coulisses ci-dessous… entre repas dans la voiture ou dans les bureau de Cinépel, faute de restaurants ouverts, émissions radios, VIP au détour d’un talkshow et autre salles pleine de bonnes ondes et de public! Merci encore aux intervenants qui ont accompagné le film lors des premières : Sergio Santiago, Virginia Cattin, Roxane Kuroviak, Laurent Debrot etc… et à Museng Fischer pour son accompagnement sans faille!)