Après 3 escales et plus de 30 heures de voyage, notre petite équipe a atterri à Chimoio, province de Manica au centre du pays, où nous allions suivre l’entrainement des nouveaux opérateurs de la machine de déminage venue de Suisse. Nous avons rejoint deux membres de la fondation que nous avions déjà suivit depuis plusieurs mois en Suisse…
Nous sommes restés en immersion dans le camps des démineurs durant 13 jours, suivant les hommes et la machine sur le terrain, découvrant la réalité du métier de fourmi de démineur et toute l’horreur que représente au quotidien pour les autochtones les mines parsemées dans leurs champs.
Nous avons rencontré des hommes et des femmes d’un courage extraordinaire qui, pour nourrir leur famille, sont près à travailler d’un bout à l’autre du pays sans voir leurs proches durant des mois. Des hommes et des femmes, qui risquent leur vie chaque jour en enlevant à la main chaque mine découverte. Courbés en deux sous un soleil de plomb, une combinaison anti souffle de plusieurs kilos pour les protéger, ils avancent cm par cm, dans une concentration extrême dans les terrains minés. Ils ne trouvent parfois aucune mine durant des semaines…
Lorsque j’ai vu une des démineuses prendre des ciseaux pour couper l’herbe au-dessus de la terre, pour pouvoir dégager une mine potentielle lors d’un exercice, j’ai été choquée. Elle déminait aux ciseaux! Poignée d’herbe par poignée d’herbe! Comment était-ce possible de déminer un pays entier aussi grand que le Mozambique, infesté de mines avec des ciseaux, une petite pelle et un simple détecteur de métal ?!?
Je comprenais désormais non pas théoriquement, mais concrètement ce qui avait poussé le fondateur de Digger, Frédéric Guerne, à développer une autre solution pour le déminage: sa fameuse machine télécomandée qui elle aussi était sur le terrain quelques mètres plus loin. La différence était impressionnante. Et soulevait de plus en plus de questions:
Pourquoi n’y avait-il pas plus de machines engagées sur le terrain? Comment pouvait-on encore envoyer des hommes et des femmes déminer à la main sur des terrains plats alors que des machines ou des rats ( voir des chiens dans d’autres pays) pouvaient les remplacer et éviter ainsi les risques d’accident? Y avait-il une nécessité à continuer à la main? Ou était-ce uniquement une question économique?
Entre découvertes, rencontres et confidences, un tableau plus précis de la question du déminage s’est petit à petit dessiné…
Il fallait désormais rentrer pour continuer à construire les pièces d’un puzzle de plus en plus complexe, mais qui, entre mille détours, commençait à prendre sens…